- BANQUE DU SOL
- BANQUE DU SOLBANQUE DU SOLUtilisée pour la première fois par le législateur américain en 1956 avec le Soil Bank Act , l’expression «Banque du sol» recouvre de façon stricte une institution ayant pour objet la mise en réserve de superficies cultivables aux États-Unis, cela dans le but de réduire le volume des récoltes comme de maintenir les revenus des agriculteurs. Conçu en 1954 et soutenu par l’American Farm Bureau Federation représentant les grands agriculteurs américains, le projet de loi est adopté en 1956 à la suite d’une période de sécheresse qui affecte particulièrement les Grandes Plaines productrices de blé. La Banque du sol prévoit pour une durée de cinq ans (de 1956 à 1960) l’application de deux programmes de mise en réserve de terres. Le premier prévoit le versement d’indemnités calculées sur la base de projection de rendements et versées aux agriculteurs ayant ramené leurs surfaces cultivées en deçà des contingents de surfaces autorisées annuellement en produits de base (blé, maïs, coton) par la politique de soutien des prix. Ainsi, pour bénéficier de ce programme, les agriculteurs devaient respecter, en plus du contingent par produit, un contingent de base fixé par la Banque du sol. Le second programme prévu par le Soil Bank Act visait la mise en réserve de superficies additionnelles de façon à y appliquer des mesures de conservation et de protection du sol.L’agriculteur souscrivait volontairement un contrat d’une durée de trois à dix ans en s’engageant à consacrer les surfaces mises en réserve à des cultures autorisées (plantations, légumineuses), à appliquer sur ces terres des pratiques culturales visant à la conservation du sol (drainage, irrigation, terrasses) sans récolter ces surfaces ni les faire pâturer. En contrepartie, l’agriculteur recevait un paiement en espèces ou la livraison des biens et la prestation des services nécessaires à l’application des mesures de conservation du sol, et un versement annuel en espèces pendant toute la durée d’application du contrat. Cependant, pour pouvoir bénéficier de ces dispositions, l’agriculteur devait respecter et les contingents de superficie fixés par produit et ceux qui étaient fixés dans le cadre du premier programme de la Banque du sol.Les contrats relatifs à la conservation du sol, entre 1956 et 1960, ont porté sur près de 11,5 millions d’hectares; mais, le programme n’ayant pas été renouvelé, à partir de 1960 cette surface devait se réduire chaque année jusqu’à expiration de tous les contrats.Le programme de mise en réserve de superficies, complémentaire des programmes de contingentement de surface par produits, n’a eu d’effet sensible qu’en 1957 avec une réduction des surfaces emblavées de 4 millions d’hectares par rapport à 1956 (24,5 millions d’hectares), et une réduction de production d’un million de tonnes seulement sur 27 millions de tonnes en 1956, alors qu’en 1958 les surfaces emblavées atteignaient 22 millions d’hectares et la production 39 millions de tonnes. Cependant, en s’appliquant aux terres les moins productives et en bénéficiant essentiellement aux gros agriculteurs, le programme connu sous le nom de Banque du sol a marqué le passage, dans les années 1960, à une politique de contrôle systématique des surfaces. Il permettait, en effet, sous le prétexte d’une mesure de conservation de sols exploités jusque-là de façon minière (épuisement progressif de la ressource) de faire supporter par la collectivité nationale le coût de la restauration de certaines terres.Plus largement, l’expression «banque du sol» recouvre les mesures de politique agricole visant à la mise en réserve de surfaces cultivables et dont la politique agricole américaine fournit l’expérience la plus ancienne. Ainsi, après la succession d’une période de surproduction au moment de la Grande Crise, et d’une période de production déficitaire (1933-1936) consécutive à une longue sécheresse marquée par une érosion éolienne spectaculaire (dust bowl ), l’administration du président Roosevelt a voulu veiller à la protection des ressources en terre et, avec le Soil Conservation and Domestic Allotment Act de 1936, contribuer à une programmation agricole de long terme. Afin de réduire les surfaces cultivées, on paie pour leur reconversion ou leur mise en réserve. Les paiements couvrent à la fois l’équivalent de la récolte non réalisée et une part du coût des pratiques culturales visant à la conservation du sol, dont la fertilisation. Les effets de ce programme ne se feront réellement sentir que lors de la mise en place en 1938, avec l’Agricultural Adjustment Act , d’une politique de soutien des prix et de contingentements annuels des surfaces cultivées en produits de base (blé, maïs, coton, riz, tabac). En 1937, un programme spécial s’appliquant aux Grandes Plaines (Nord- et Sud-Dakota, Montana, Wyoming, Colorado, Nebraska, Kansas, Oklahoma, Texas, Nouveau-Mexique), et reprenant les méthodes de paiements définies en 1936, permettait la mise en réserve des terres à blé en voie d’épuisement dans ces zones.Ces opérations de conservation du sol feront qu’en 1949 on emblavera de nouveau les Grandes Plaines, soit 22 millions d’hectares sur un total de 34 millions d’hectares emblavés pour l’ensemble des États-Unis; en 1939, cette même région ne représentait que 16 millions d’hectares mis en culture céréalière sur un total national de 25 millions. Après 1961, c’est-à-dire au terme de la courte existence de la Banque du sol, le programme des Grandes Plaines, appliqué conjointement au contrôle des surfaces par produit, demeurera la principale mesure politique de restriction de la production de blé. Renvoyant à la notion simple d’immobilisation d’un capital-sol qui rende un intérêt-fertilité, l’expression de banque du sol recouvre en fait l’ensemble des mesures de politique agricole de mise en réserve de superficie.
Encyclopédie Universelle. 2012.